19 mars 2010

Une lesson qui nous vient des japonais: l'avenir du nouveau parti au pouvoir pourrait intéresser les tories.

Les japonais adorent remarquer les ressamblances entre leur pays et l'Angleterre. Les deux occupent des îles situées à l'extrémité d'un continent avec lequel les relations sont parfois compliquées. Les deux sont des monarchies constitutionnelles avec un système parlementaire. Les deux peuples, dit-on, donnent beaucoup d'importance à la tradition, aux bonnes manières, aux jardins bien soignés, et au thé.

La comparaison ne s'étend d'habitude pas jusqu'aux partis politiques. Mais dans la semaine où David Cameron a lancé une campagne électorale avec le slogan “votez pour le changement”, les points en commun sont devenus plus difficiles à ignorer. Le premier ministre japonais, Hatoyama Yukio, a remporté une victoire écrasante en août 2009 grâce à un mantra similaire qui demandait du “changement de régime”. Sa performance au pouvoir suivant l'élection est une lesson a ne pas rater pour les tories.

Après être parvenu a démoniser le gouvernement sous le Parti Libéral-démocrate pour avoir guidé le pays pendant des décennies de gâchis, incompétence et corruption, le Parti Démocrate japonais de Hatoyama a vite dégringolé vers ses propres scandales. Le secrétaire général et stratège électoral principal, Ichiro Ozawa, a été pris dans une enquête sur des financement politiques. Depuis, des irrégularités financières concernant d'autres membres du parti ont été devoilées, et l'image de Hatoyama n'est pas sortie indemne des questionnements sur un héritage de part de la mère, précédamment gardé au secret, de 900 millions de yen. Tout comme Cameron, le premier ministre vient d'un background privilégié et est vu par beaucoup de japonais comme une sorte d'aristocrate.

Les critiques sur le Parti Démocrate japonais (centre-gauche) vont jusqu'à la politique économique, avec la déflation, les révenus qui tombent et une dette nationale qui arrive presque à 200% du PIL qui contribuent à augmenter cette impression que la nation entière s'envase façon GB. Ce n'est pas un hasard, et c'est d'ailleurs très irritant, si la Chine cette année va dépasser le Japon en tant que 2ème économie mondiale.

Parmi les problèmes que les tories pourraient rencontrer si ils prennent le pouvoir en Angleterre, les promesses du nouveau gouvernement de faire passer des réformes de budget, de redonner la priorité aux dépenses publiques, d'introduire des subventions pour les enfants et d'élargir le nombre d'écoles gratuites restent irréalisés et probablement infinanciables. En plus de tout ça, un changement controversé en matière de politique sur l'immigration se profile.

Jusqu'à maintenant, le Japon -cette nation volontairement homogène- a imposé de sévères limitations sur tout afflux d'étrangers. Mais une population vieillissante et une main-d'oeuvre qui fait défaut signifient que le pays a besoin de plus de travailleurs.

Les défenseurs du Parti Démocrate disent que le parti est sincère quand il affirme vouloir aider les gens et éviter que les puissants bureaucrates décident de tout en politique. Mais quelques erreurs au niveau intérieur en plus de la perspective d'un humiliant pas en arrière – ou d'un face à face dangereux- avec les Etats-Unis à cause du problème de relocalisation d'une base militaire à Okinawa ont eu un poids non négligeable sur la position publique du nouveau gouvernement.

A peine 6 mois après l'élection, le taux d'approbation a chuté à environ 40% alors qu'on spécule sur le fait que les partenaires de la coalition pourraient s'envoler et Hatoyama démissionner.

Comme il l'a souvent été le cas en GB dans de circonstances pareilles, le Parti Démocrate dispose d'une grande consolation. Au moment même où il se bat, ses concurrents sont obligés de se confronter, une situation d'opposition bien inhabituelle.

Yoichi Masuzoe, le leader plus populaire du Parti Libéral-Démocrate, a averti cette semaine qu'il pourrait bien former un parti de rupture. L'opinion pense que le Parti Libéral est “le parti bizarre et stupide” maintenant, a-t'il remarqué, et si il ne change pas rapidement il risque de ne plus jamais réussir à regagner du pouvoir. Cameron et les siens espèrent que c'est le même avenir qui guette le labour de Brown après les élections, et viceversa. Le nouveau parti au pouvoir du Japon est en difficulté, et nous promet des problèmes aux urnes en juillet. Mais ses opposants sont même encore plus mal en point.

Traduction d'un article paru sur The Guardian le 5 mars.


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